Le cloud s’impose petit à petit dans le secteur privé, grâce à la souplesse et la puissance qu’il offre. Cette tendance est-elle la même dans les collectivités ? Le cloud va-t-il devenir inévitable pour le secteur public ? Nous avons posé la question à Bernard Decker, Responsable Collectivités Grand Sud chez Empower, qui collabore avec de nombreuses structures du secteur.

A quels enjeux sont confrontées les collectivités ?

Bernard Decker. Nous sommes dans une accélération continue et permanente des rythmes de consommation et de vie. Il en va de même pour les attentes des administré·e·s, des citoyen·ne·s, qui ne souhaitent plus attendre pour accéder à des services, ou qui veulent de nouveaux services. Il·elle·s sont habitué·e·s aux nouveaux usages et s’attendent à les retrouver également dans l’administration.

Ainsi, aujourd’hui, il faut aller vite. Les collectivités doivent se diriger vers des services déjà opérationnels, plus faciles à évaluer, à retenir et à déployer. Cela peut entraîner une délégation de la responsabilité sur une partie de la chaîne de valeur à l’opérateur de ses services.

La migration cloud est-elle inévitable pour les collectivités ?

BD. Ce qui me semble inévitable, plus qu’une migration cloud, c’est l’adoption de services qui ne sont plus disponibles dans les datacenters ou qui sont extrêmement compliqués à gérer et à délivrer. L’adoption de ces services va se faire de façon progressive, en mode hybridation. C’est déjà ce que l’on constate chez nos client·e·s. Je compare cela à ce qu’il s’est passé dans le domaine de l’électricité. Avant, les capacités de production pouvaient être régionalisées, localisées. Elles sont passées sur un opérateur national. Maintenant, on consomme un abonnement, un compteur, etc. On imagine ce que cela pourrait être demain dans nos domaines technologiques. Pour l’électricité, on observe aussi des retours à la production locale, pour des questions d’indépendance mais aussi pour des questions économiques. Ainsi, peut-être que demain, certaines organisations pourront bénéficier de services de type cloud sur des infrastructures qui, elles, seront complètement internalisées.

Le cloud est-il compatible avec les contraintes particulières du secteur public ?

BD. Les plus grands hébergeurs ont fait le nécessaire pour l’être. Le cloud Azure, par exemple, est conforme aux exigences du RGPD. Microsoft a été le premier à obtenir la certification HDS. De plus, cela fait quelques années qu’il possède des datacenters sur le territoire français, pour respecter les contraintes règlementaires liées à la localisation.

En parallèle, les collectivités ont des responsabilités fortes en matière de protection de leurs données. Certaines administrations craignent le cloud car elles pensent que les données y sont plus à risque. Microsoft apporte des dispositifs de protection et de rétention des données, dispose d’équipes pléthoriques, de moyens humains et organisationnels qui font que les données et les services bénéficient d’un niveau de surveillance et de sécurité qui est, pour moi, supérieur à ce qu’une collectivité est capable aujourd’hui de faire par ses propres moyens. A mon sens, il faut capitaliser sur le côté hyper industrialisé, hyper maîtrisé des opérateurs par rapport aux services qu’ils délivrent. Cependant, les données étant sous la responsabilité de l’organisation, il faut que la collectivité prévoie une stratégie de sécurité propre.

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